Votre parcours… en bref ?
Par rapport à mon parcours, Je suis designer de formation. J’ai étudié le design mobilier à l’Institut Supérieur des Arts et Métiers de Sfax, puis j’ai enchainé avec le master et la thèse. Au bout de 4 ans, j’étais dans l’impossibilité de continuer la thèse. A la suite de cet échec, j’avais décidé de lancer mon projet dans le meuble en carton.
Comment vous est venue l’idée de faire des meubles en carton ?
Par rapport à l’idée du projet, elle m’est venue d’une façon très simple. J’étudiais à l’ISAMS et on avait ce cours sur le mobilier en carton. Ainsi, je découvert sur les bancs de l’école, que dans les années 70 un américain faisait des meubles en carton. Ca a tilté dans ma tête, j’ai beaucoup aimé l’idée et je me suis dit « mais… pourquoi ne pas le faire ? », surtout que le carton est une matière qu’on peut trouver partout!
Pendant ce temps là, ma sœur faisait ses études de pharmacie à Monastir. Elle passait son temps à déménager, et avait toujours besoin de meubler son lieu de vie, faire une déco éphémère, légère et abordable, pour pouvoir recevoir ses amis et donner du caractère à son espace. Ce fut l’argument de trop, pour passer à l’action… et c’est comme ça que ça s’est passé. Le jour où j’ai compris que je n’allais pas pouvoir terminer ma thèse, j’ai été sur mon ordinateur, et d’une main ferme j’ai effacé le dossier « these » de mon bureau… et le lendemain j ai commencé à récupérer du carton. Mes premiers prototypes ont vu le jour une semaine après. C’était en 2016. Toute l’année 2016 était une année dédiée aux prototypages et en 2017 « The LiMs – The Less is More studio » a été officiellement créée.
A quoi ressemblait votre première création ?
Ma première création est une bibliothèque. A cette époque là ma sœur cherchait une bibliothèque pour son appartement, et on n’en a pas trouvé. C’était pénible de faire le tour de tout Tunis à la recherche d’une simple bibliothèque et de ne tomber que sur des argentières des vaisseliers. là ce fut comme une évidence, et ca sonnait comme un défi : ma première création allait surement être une bibliothèque.
Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Pour être honnête, je ne m inspire pas forcément du travail d’autres designers ou d’autres artistes. Selon moi, c’est ce qu’il ne faut pas faire car inconsciemment on risque d’être fortement influencé par tel design, tel style ou telle forme… le travail de l’autre devient une première référence, à portée de main, et le plagiat devient tentant, et c’est ce qu’il faut éviter à TOUT PRIX ! Je dirai que mes inspirations me viennent essentiellement de mon quotidien. Par exemple, je vois un simple objet (en acier, en bois ou en verre..) et que je ne possède pas et dont j’ai besoin, qui n’est pas abordable ou qui n’existe pas encore, là je suis tentée de le fabriquer moi-même, de mes propres mains, par mes propres moyens. Comme par exemple le jour où j’étais au musée du Louvre, plus exactement dans la boutique souvenir, j’ai trouvé un magnifique serre-livres en céramique « Homme de Vitruve ». Il était hors de prix pour moi. Je n’avais pas le budget pour pouvoir me l’offrir. Le faire moi-même en carton était la meilleure façon de calmer la frustration du moment.
Vous pouvez nous résumer le « Design » en un mot ?
Le design ne peut pas se résumer en un seul mot. Le design est dans son essence la combinaison de deux mots : fonctionnalité et esthétique. La complémentarité de ces notions donne naissance au concept du « design » tel qu’il a été pensé.
L’Expérience Bloommaster … Racontez-nous !
Par rapport à l’expérience Bloommaster, c’est un concours comme il en existe peu. Vois ce genre de concours fleurir partout et tout le temps serait une aubaine pour tout le monde ! Il s’agit d’un événement grandiose, super utile aux jeunes Start-Upeurs et entrepreneurs de tout horizons… c’est vrai qu’il y des domaines ou des secteurs qui sont plus privilégiées que d’autres, typiquement le cas de l’ingénierie, la robotique ou l’agriculture…
Le secteur du design ou de l’artisanat, ou encore celui de l’écologie, sont encore un peu à la traine dans ce genre de grands concours. Mais ca reste une expérience intensément riche. J’ai eu la chance de rencontrer plusieurs personnes influentes. La formation de trois jours à laquelle on a droit est une formation capitale. Nous par exemple, en tant que The LiMs, il nous manquait cette maitrise de l’art du « pitching », ou « comment défendre son projet en 60 secondes » ! C’est important de trouver les bonnes tournures et les mots clés pour convaincre des gens super puissants, super influents, super sollicités, super pressés… tu te retrouves devant un panel de jury expérimentés et tu es obligé de marquer les esprits, de te démarquer… et en anglais, please !
Quel pouvoir magique aimerais-tu avoir ?
Une cape d’invisibilité ! Comme ça je pourrai aller partout partout, surtout là où c’est interdit !
L’importance de la musique dans votre processus créatif
Ce qu’il faut savoir c’est que je suis habitée par des fantômes de talent. Je suis habitée par des compositeurs de musique et des écrivains. Ce qui m’inspire le plus n’est pas forcément un architecte ou un artiste. Ce qui m’inspire c’est des concepts un peu plus abstraits. C’est des notes de musique, c’est du Bach. Et le « 24ème Caprice de Paganini ». Dés que j’entends ce morceau de musique je perds mes moyens, je ne sais plus comment je m appelle.
Un conseil pour nos futurs designers
Un conseil ? Moi j’ai plutôt eu droit à un contre-conseil … Un jour, me voyant noyée dans ma thèse , subissant totalement la frustration qui me rongeait, et regardant le temps passer sans pouvoir agir dessus de façon ferme et efficace, quelqu’un m’a dit « Toi, tu ne réussiras jamais dans ta vie. » Ces mots m’ont tellement peinée, j’ai tellement pleuré, ca m’a tellement touchée que mon objectif était de prouver le contraire.
3Qualités et 3 défauts
Les qualités ? Je dirai : la sympathie (et tu ne peux pas trouver plus sympathique que moi ! ) . Mon côté bavard : je peux habiller toute une discussion toute seule , ceci ne me dérange absolument pas. En voilà 2, pas de troisième qualité qui me vienne à l’esprit.
Pour les défauts, je suis exigeante, un brin anxieuse et… j’aime travailler seule. C’est pas bien de travailler seul.
Baitik
Baiti ? Je me vois vivre dans un bateau. Je ne me vois pas vivre dans une maison de pierre, enracinée dans la terre, immobile … J’ai besoin de mouvement, de liberté, d’océan, de grand air, j’ai besoin de prendre le large … et de partir.